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L’Orient des Femmes
Vu par Christian Lacroix

Musée du quai Branly, Paris

Exposition du 08/02/11 – 15/05/11




Christian Lacroix
Affiche réalisée par Monsieur Christian Lacroix

Véritable hymne aux femmes orientales, l’exposition dévoile un autre visage des femmes, du nord de la Syrie à la péninsule du Sinaï, en présentant un ensemble exceptionnel de 150 costumes et parures traditionnels du Proche-Orient, sélectionnés par le couturier Christian Lacroix, avec le concours de Hana Chidiac, responsable des collections Afrique du Nord et Proche-Orient du musée du quai Branly.

De ce travail en commun est né un parcours poétique ponctué de pièces somptueuses qui, pour la plupart, sont exposées pour la première fois en France : robes de fête, manteaux, voiles et coiffes qui composaient le trousseau de la mariée témoignent à leur manière de la continuité des traditions et des savoir-faire développés et transmis de mères en filles.

Hommage à l’art millénaire de la broderie, l’exposition dévoile le travail de ces femmes qui, pendant des siècles, ont cherché à créer des modes pour s’embellir et exister au sein de sociétés qui les ont longtemps marginalisées, livrant ainsi leur personnalité, leur sens esthétique et leurs émotions.

Chacune des créations présentées dévoile aux yeux des visiteurs un pan de l’histoire de ces femmes dont les mains, les gestes, les goûts et le talent, ont donné aux étoffes, aux fils de soie ou de coton, une part d’elles-mêmes, composant chaque pièce comme une oeuvre d’art.

Au-delà de sa portée historique et ethnologique, L’ORIENT DES FEMMES se veut une invitation à la découverte esthétique de l’art vestimentaire féminin.

Guidé par la couleur des fils sur le coton noir, l’argent lamé ou la soie rayée des doublures, la coupe des robes ailées et la teinture des étoffes nouées, Christian Lacroix a su déceler les pièces les plus remarquables.

Hana Chidiac



Parcours de l’exposition

Christian Lacroix a imaginé le parcours de l’exposition comme une déambulation poétique. Les pièces forment un cortège immobile et planant. Elles habitent un espace coloré où se projette, dans une lumière feutrée et chaleureuse, l’imaginaire du couturier vers un Orient rêvé. Du noir à la couleur, de la nuit au jour, les robes semblent suspendues dans un temps figé dont le visiteur serait le spectateur clandestin.

L’exposition débute par la présentation d’une robe de fillette du 13e siècle retrouvée lors de fouilles archéologiques au Liban et s’achève par 5 robes blanches brodées de couleurs, formant un bouquet original, clin d’oeil à la tradition du défilé de mode qui s’achève par la présentation d’une robe de mariée.

Entre ces deux pôles temporels, le parcours se déroule selon un itinéraire géographique qui part du nord de la Syrie pour atteindre le désert du Sinaï dévoilant ainsi, tour à tour, les costumes des femmes syriennes, jordaniennes, palestiniennes et bédouines.



Avant-propos de Christian Lacroix

« L’Orient, les femmes, vastes territoires. Et en même temps intimissimes, fondamentaux et inspirants, évocateurs de sagas immémorielles autant que de contes murmurés à l’oreille, à la mémoire.

Que me disent ces mots, si je tire le fil rouge des souvenirs d’enfant, et recaresse du doigt le premier idéogramme gravé en moi par leur seule sonorité ?

L’Orient, les femmes, deux échappées envoûtantes, cela se superpose et va bien ensemble. Au-delà de tout exotisme convenu, de tout cliché. Un sentiment d’appartenance : nous venons tous des femmes. Et souvent d’Orient. Si nous n’en venons pas, il est venu à nous.

Alors je vois Marseille et cette inscription sur un monument de la corniche : « Porte de l’Orient ». Il suffisait alors, avec cette force d’imagination si convaincante vers cinq ou six ans, de scruter l’horizon pour y voir des terres métalliques et ventées.

Des voiles gonflées, des couleurs inconnues, derrière des murailles et des montagnes gardiennes d’énigmes aux circonvolutions de danseuses, entêtantes. Avec en filigrane le sentiment sourd d’une inquiétude, d’un autre voile plus obscur sinon menaçant.

On était au milieu des années 1950. Les enfants comprennent ce qu’on essaie de leur taire. Les communiqués très « polissés » sur les « événements » ne se confondaient pas avec les histoires de Shéhérazade, mais s’y superposaient.

La réalité de l’après-guerre, si convulsive dans ces territoires, vue en noir et blanc sur l’écran des actualités du dimanche au cinéma ou dans les magazines à sensation.

Et la fiction chatoyante, hypnotique, des contes, illustrés d’enluminures qui ont colorié à jamais ma mémoire de leurs étoffes et de leurs broderies, chargées, subtiles, de la grâce rustique ou princière, séduisante autant que distante de ces figures féminines dont la finesse venait toujours à bout de la cruauté des hommes et des mauvais génies. Ces princesses et ces paysannes aquarellées illustraient bien aussi ce mot de « femme » intimidant, caressant et aussi mystérieux que l’Orient, avec un léger parfum de soufre quand, encore une fois, on saisit le moindre sous-entendu des adultes.

Et ce mot enfumé, on le comprend, est à la fois synonyme de courage et de fragilité, de respect et aussi, parfois, d’opprobre. S’agissant, en particulier, de la vie tumultueuse d’un grand-père qui avait passé sept ans sur un bateau tout autour de la Méditerranée dont quatre ans de guerre dans les Dardanelles et au Moyen-Orient. D’où il avait rapporté et envoyé une multitude de cartes postales illustrées de costumes locaux, parfois recoloriées à la main.

Ces femmes, en tout cas leurs parentes lointaines, on commençait à les rencontrer de plus en plus dans les rues du Sud. Venues certes d’un Orient plus proche, du sud de ce Sud. Mais parées encore comme des Delacroix. Les enluminures bigarrées avaient quitté mes livres pour venir dans ma ville et ce carambolage « histoire-géographie » habillait ces héroïnes de légendes d’un relief plus quotidien, sinon dramatique. Elles appartenaient soudain à l’actualité et j’en ai gardé les traits et les contours. Comme celui des Gitanes, leur sens des couleurs et de leurs mélanges ne m’a pas quitté. Elles étaient les témoins et les actrices d’une histoire contemporaine qu’elles vivaient avec leur élégance rétive, leurs coupes, leurs formes, leurs traditions, leurs motifs, leurs broderies. Elles en imposaient. C’est pourquoi elles font partie de ces cohortes d’inspiratrices qui m’ont montré la voie d’un métier, où le vêtement se crée à mi-chemin du fantasme et de la réalité.

De l’apparence volontiers menteuse et de la personnalité profonde et sans « triche ». C’est sans doute sur ces mêmes sentiers que nous nous sommes rencontrés, Hana Chidiac et moi, comme si nous nous étions toujours connus. Pour montrer ensemble les pièces dont elle a su enrichir ce musée, si fortes et si éloquentes dans leur humilité. Autant que les chefs-d’oeuvre labellisés, j’ai toujours aimé l’art brut ou populaire, et les pièces anonymes bien plus que les estampilles ou signatures ronflantes, sans parler des griffes et logos arrogants qui obstruent notre paysage et le simple goût du bon sens et de la pertinence.

C’est donc sans hésitation que j’ai accepté cette invitation de Stéphane Martin à donner à voir avec Hana – qui en a bien plus que moi la science et la culture – ces trésors complétés de ceux généreusement prêtés par Madame Widad Kamel Kawar, auteur de Mémoire de soie.

C’est une de ces bibles d’inspiration qui me suivent partout et depuis longtemps, depuis que je l’ai trouvé quelque part dans les Emirats à l’époque où falouques et tours des vents subsistaient encore sur les rivages de Dubaï.

La recommandation de Stéphane Martin était de montrer combien la garde-robe, aujourd’hui synonyme de noir épais, pouvait être, il n’y a pas si longtemps encore, un kaléidoscope chatoyant, un patchwork d’inventivité, une mosaïque opulente dans sa simplicité. Nous avons donc choisi de faire cheminer le visiteur du nord au sud, de la Syrie au Sinaï, en même temps que du noir vers le blanc.

Sur un presque tapis volant, écho amplifié d’un détail brodé, au sol, et sur la frise translucide entourant la mezzanine tel un cocon et jouant avec la lumière du musée, le long d’un parcours légèrement accidenté de reliefs pentus, comme ces régions, dans un écrin où l’on est d’entrée accueilli par une émouvante robe de petite fille du 13e siècle, la pièce la plus ancienne, prêtée par le musée de Beyrouth. Cette flânerie sera émaillée de voiles de visages et de coiffes, du contenu de ces coffres qui accompagnaient chaque jeune femme le jour de ses noces. Et pour lequel elle avait passé tant de temps à coudre et à broder. A broder sa vie en fait. Et c’est ce qui me bouleverse, m’enchante.

Sur des formes ancestrales et simplissimes, uniformes, chacune a imprimé sa sensibilité profonde, composé comme un musicien la petite musique secrète qui l’habitait, rédigé comme un écrivain la chronique d’une existence rêvée, idéale.

Elles se sont façonné, telles des plasticiennes, une seconde peau, de protection et de séduction, ont associé en bons peintres des couleurs osées mais évidentes une fois posées, dont l’harmonie nous laisse encore songeurs, ont mélangé avec la dextérité d’ensembliers-décorateurs les motifs et techniques les plus paradoxaux.

Ces mains ont répété des motifs ni tout à fait semblables ni tout à fait différents, s’accaparant les répertoires en vogue ou en vigueur, avec, et cela est magnifique, leurs propres inflexions, subtiles, parfois de petits repentirs, des ravaudages de couleurs, la récupération d’une étoffe venue d’ailleurs, une doublure contrastée, un dos surprenant, un rythme du fil soudain distendu ou resserré : fatigue ? tension ?

Le manque de ressources ou les handicaps d’une certaine économie sont en tout cas, par leurs mains expertes, plus ou moins habiles mais toujours inventives, mués en encore davantage de beautés sophistiquées. Ce qui pourrait apparaître comme un uniforme devient au contraire une sorte d’autobiographie, de carte d’identité. Ce qui dissimule ces femmes les raconte bien mieux que n’importe quelle mode occidentalisée.

Quelle leçon d’expression personnelle sur un thème donné, quelle habileté à aborder la figure imposée, pour nous qui vivons dans un monde normalisé et formaté, où chaque écart de couleur détonne dans l’uniformité ?

C’est ce monde-là et sa non-culture qui a fini par désarmer ces belles âmes d’artistes-artisans nées. Après la vulgarisation mécanique, les brises obscurantistes feront le reste. Il n’aura fallu que deux ou trois décennies pour que se tamisent et s’éteignent presque des siècles de lumières et les strates précieuses de générations industrieuses.

C’est pourquoi nous avons cherché à montrer dans leur humble majesté, dans leur modeste opulence ces robes, voiles et manteaux, avec le contenu des coffres qui les accompagnaient, région par région. En aplat comme des tableaux ou presque prêts à prendre leur envol, venant à notre rencontre, à la fois réels et irréels, bien plus vivants que les clones qui peuplent nos rues, plus inspirés et inspirants que bien des podiums couture, ils nous disent les mots essentiels d’une époque trop vite oubliée. »



Vidéo Exposition L'orient des femmes vu par Christian Lacroix





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